Mon discours - Lim, Samíra

Mesdames, Messieurs écoutez mon discours

Celui d’un jeune qui galère en bas des tours

H.L.M.

ouais c’est notre biz' des towers

Là où on a pas le droit à l’erreur

Là où on vit à mille à l’heure

Mais le problème c’est que trop de nos mères pleurent

Pas besoin de kidnapper Mickaël Jackson pour faire un thriller

Comme dirait Meler: «ça s’voit qu’ils nous baisent»

Procureur, Monsieur le juge, levez-vous de vos chaises

Et écoutez le récit, celui d’un raclo

Très tôt insulté, tabassé au comico

Dealer de coco, de shit et de taz

Et ouais gros dans nos sites, il nous manque tous une case

C’est naze, les shmits nous gazent, nous écrasent

Le système rase nos cités

Comment être en phase avec leur société

Ici c’est vrai, on a été mis à part

Enfant on a cohabité avec les cafards

C’est marrant, même si au fond, triste est l’histoire

Maman on se débrouille, même si on vit dans le brouillard

T’as vu, aujourd’hui tout le monde rejette les armes

Pourtant il y a toujours autant de mères en larmes

Délinquant;

déjà à 15 ans, ça met des coups de lame

Mais qu’est ce que tu veux grand, c’est ça la vie sur le macadam

On se crame, on rame.

On se cane quand on damne

De Paname à Lyon, c’est qu’on flirt avec le halam

Mesdames, Messieurs, écoutez mon discours

Celui d’un jeune qui galère en bas des tours

En fumant un bon joint de semences

Tranquillement, dans nos bâtiments, ça découpe des ances

En 8 ze-dou, voyou handek aux balances

Aux jaloux et aux loups, qui jamais disent ce qu’ils pensent

Ca fait des coups, et du coup dans le crime on avance

Zincou on veut tous un six coups pour l’assurance

C’est fou, jusqu’au cou, on est dans la délinquance

Tfouh, si tu trahis un de tes potes d’enfance

Construit à la va-vite, on y vit comme des termites

Est-ce donc ça qu’on mérite?

Fons-dé, souvent je médite

Depuis petit je milite, ma cité est-elle maudite?

Car chez nous rare est la réussite, à part dans l’illicite

Afrit, on devient des parasites

Ensuite, on squatte, les coins insolites

Du gramme, on passe au litre, ouai je dédicasse ce titre

A ceux qui m’ont compris, qui savent que l’honneur n’a pas de prix

Toujours muets même enfermés en son-pri

«Fuyez »;

voilà ce que tapette dit

Désormais, on fonce dans le tas, solidaire pour la vie

Tous illicites, c’est le nom de mon gang

Mon gang: c’est le peuple, le peuple que l’Etat étrangle

Pourtant, on a presque tous des fafs français

Pourquoi on a pas de taf, et tant de procès?