The Practice of Love - Jenny Hval, Laura Jean, Vivian Wang

[Vivian Wang &

Lasse Marhaug

Ok.

Page 2?

Yeah.

As I inhale, as I inhale, as I inhale and feel my lungs fill up with

black breath to exhale, what comes out is: I wanted to write to you about love.

I hate «love» in my own language.

It contains the entire word «honesty»

inside it, which makes it sound religious, protestant, hierarchic, purified.

The word «love» comes in the way of love, and makes me want to say sorry.

I say sorry with black breath, black letters staining the air around me,

the walls of the house, the bed, the desk.

Maybe «sorry» is the closest I ever

got to expressing love.

In my bed, honesty is lying on top of love,

sucking the blood out of it, occupying it.

What’s left is a little corpse.

I hope I don’t laugh when I read this.

Remember when I started saying «of corpse»?

Hahaha!

Every time I wanted to agree on something…

This is so funny.

Remember when I started saying «of corpse» every time I

wanted to agree on something?

I was inserting a little slice of death with my

agreement.

Whether it was coming out of my parents, coming out with my parents

for a boat trip, or agreeing that a boy was cute.

Corpse will definitely be

sitting inside the world for love.

Is that how you pronounce it?

'Cause I’ve heard so many pronounce… Um-umbilical?

This is very visual,

I have a thousand placentas, they are all burnt, language doesn’t fit,

community, affinity, togetherness, the words don’t work, or they are blackened,

of corpse.

So, what about you and I?

For you, I feel a closeness that I can

only explain as love, the unknown, the black hole.

I was going to say «chaos»,

but I say «the unknown» because I don’t know where uncommon ideas and thoughts

come from.

Because I don’t know where are common ideas?

Do you have to say

common?

Um, is it ok to say, «But I say that wrong because I don’t know where

ideas and thoughts come from»?

Yeah

[Jenny Hval &

Laura Jean Englert

Someone who thinks that she’s made, 'cause she’s the most, like,

blasphemous being by some, like, just having, taking different choices in life.

Like, you know, like all the sacrifices you make as like difference,

and the mother and the daughter, the person that chooses where you begin in

life, and then there is something… maybe you, when you’re older,

you get to this point where you, um, realise that maybe we’re just like all

the others, and it really didn’t matter whether you were different.

So, I thought I was different, it’s something.

It’s like a, it’s like a

teenager would say, like, «I thought I was different but I’m just like the

others»

Yeah, but, uh, a teenager always believes secretly that they are different, um,

and…

Mm, they do, yeah, so, it’s like, everyone always thought they were different,

but as you get older…

Yes.

I’m still hanging onto that a little bit, but, I, I’ve just done some

writing about, um, this stuff, um, for a book about abortion, and, um…

what, one thing that I kind of felt, um, becoming someone who’s in their late

30s that doesn’t have a child, it’s like, I have to accept that I’m part of

this human ecosystem, um, but I’m not the princess and I’m not the main

character?

Because I feel like maybe the main characters are the people that

have kids because they literally keep the virus going.

But, um, I’m like,

I thought, maybe I’m the talking tree, or, like, maybe I’m the witch,

or maybe I’m, I’m the, I’m a, a supporting character, and that’s a hard thing

for my ego to take, 'cause I wanna be the star of the human story, but I’m not.

I’m like a, I’m the, I’m someone that is in the background in regards to

survival 'cause I’m not directly supporting survival, I’m just, I’m supporting

it in a very abstract way, and possibly not supporting it

Possibly not supporting it, antagonist?

I’m, I could be an antagonist but antagonists are imperative for a virus to

survive because it makes it stronger

Yeah

[Vivian Wang &

Lasse Marhaug

D'accord.

Page 2?

Ouais.

Au fur et à mesure que j'inspire, que j'inspire, que j'inspire et que je sens mes poumons se remplir de

souffle noir à expirer, ce qui sort est : je voulais vous écrire sur l'amour.

Je déteste "l'amour" dans ma propre langue.

Il contient le mot entier "honnêteté"

à l'intérieur, ce qui le fait sonner religieux, protestant, hiérarchisé, épuré.

Le mot «amour» vient dans le sens de l'amour et me donne envie de m'excuser.

Je dis désolé avec un souffle noir, des lettres noires tachant l'air autour de moi,

les murs de la maison, le lit, le bureau.

Peut-être que "désolé" est le plus proche que j'ai jamais

doit exprimer l'amour.

Dans mon lit, l'honnêteté repose sur l'amour,

en suçant le sang, en l'occupant.

Ce qui reste est un petit cadavre.

J'espère que je ne ris pas en lisant ceci.

Tu te souviens quand j'ai commencé à dire "de cadavre" ?

Hahaha!

Chaque fois que je voulais s'entendre sur quelque chose…

C'est tellement drôle.

Rappelez-vous quand j'ai commencé à dire "de cadavre" à chaque fois que je

vous vouliez vous mettre d'accord sur quelque chose ?

J'insérais une petite tranche de mort avec mon

accord.

Que ça sorte de mes parents, de sortir avec mes parents

pour une excursion en bateau, ou convenir qu'un garçon était mignon.

Le cadavre sera certainement

assis dans le monde par amour.

C'est comme ça que vous le prononcez ?

Parce que j'ai entendu tant de personnes prononcer… Um-ombilical ?

C'est très visuel,

J'ai un millier de placentas, ils sont tous brûlés, le langage ne convient pas,

communauté, affinité, convivialité, les mots ne fonctionnent pas ou sont noircis,

de cadavre.

Alors, et toi et moi ?

Pour toi, je ressens une proximité que je peux

expliquer seulement comme l'amour, l'inconnu, le trou noir.

J'allais dire "chaos",

mais je dis "l'inconnu" parce que je ne sais pas où sont les idées et les pensées inhabituelles

viens de.

Parce que je ne sais pas où sont les idées communes ?

Devez-vous dire

commun?

Euh, est-ce que c'est ok de dire "Mais je dis ça mal parce que je ne sais pas où

les idées et les pensées viennent» ?

Ouais

[Jenny Hval &

Laura Jean Englert

Quelqu'un qui pense qu'elle est faite, parce qu'elle est la plus, comme,

être blasphématoire par certains, comme, juste avoir, faire des choix différents dans la vie.

Comme, vous savez, comme tous les sacrifices que vous faites comme la différence,

et la mère et la fille, la personne qui choisit où vous commencez dans

vie, et puis il y a quelque chose… peut-être que vous, quand vous serez plus vieux,

vous arrivez à ce point où vous, euh, réalisez que nous sommes peut-être comme tous

les autres, et peu importait que vous soyez différent.

Donc, je pensais que j'étais différent, c'est quelque chose.

C'est comme un, c'est comme un

l'adolescent disait, par exemple, "Je pensais que j'étais différent, mais je suis comme le

autres"

Ouais, mais, euh, un adolescent croit toujours secrètement qu'ils sont différents, euh,

et…

Mm, ils le font, ouais, donc, c'est comme si tout le monde a toujours pensé qu'ils étaient différents,

mais en vieillissant...

Oui.

Je m'accroche encore un peu à ça, mais, je, je viens de faire quelques

écrire sur, euh, ce genre de choses, euh, pour un livre sur l'avortement, et, euh…

quoi, une chose que j'ai en quelque sorte ressentie, euh, devenir quelqu'un qui est en retard

La trentaine qui n'a pas d'enfant, c'est comme si je devais accepter d'en faire partie

Cet écosystème humain, euh, mais je ne suis pas la princesse et je ne suis pas le principal

personnage?

Parce que j'ai l'impression que les personnages principaux sont peut-être les personnes qui

avoir des enfants parce qu'ils entretiennent littéralement le virus.

Mais, euh, je suis comme,

J'ai pensé, peut-être que je suis l'arbre qui parle, ou, comme, peut-être que je suis la sorcière,

ou peut-être que je suis, je suis le, je suis un personnage secondaire, et c'est une chose difficile

pour que mon ego prenne, parce que je veux être la star de l'histoire humaine, mais je ne le suis pas.

Je suis comme un, je suis le, je suis quelqu'un qui est en arrière-plan en ce qui concerne

survie parce que je ne soutiens pas directement la survie, je suis juste, je soutiens

d'une manière très abstraite, et peut-être ne pas le soutenir

Peut-être ne pas le soutenir, antagoniste ?

Je suis, je pourrais être un antagoniste, mais les antagonistes sont impératifs pour qu'un virus

survivre parce que ça le rend plus fort

Ouais