Чёрный блюз - Вера Полозкова

Чего они все хотят от тебя, присяжные с мониторами вместо лиц?

Чего-то такого экстренного и важного, эффектного самострела в режиме блиц.

Чего-то такого веского и хорошего, с доставкой на дом, с резной тесьмой.

А смысл жизни — так ты не трожь его, вот чаевые, ступай домой.

Вот и прикрикивают издатели да изводят редактора.

Но еще не пора, моя девочка.

Все еще не пора.

Страшно достает быть одной и той же собой, в этих заданностях тупых.

Быть одной из вскормленных на убой, бесконечных брейгелевских слепых.

Все идти и думать — когда, когда, у меня не осталось сил.

Мама, для чего ты меня сюда, ведь никто тебя не просил.

Разве только врать себе «все не зря», когда будешь совсем стара.

И еще не пора, моя девочка.

Все еще не пора.

Что за климат, Господи, не трави, как ни кутайся — неодет.

И у каждого третьего столько смерти в крови, что давно к ней иммунитет.

И у каждого пятого для тебя ледяной смешок, а у сотого — вовсе нож.

Приходи домой, натяни на башку мешок и сиди, пока не уснешь.

Que veulent-ils tous de vous, jurés avec des moniteurs au lieu de visages ?

Quelque chose d'aussi urgent et important, une arbalète spectaculaire en mode blitz.

Quelque chose de si lourd et bon, avec livraison à domicile, avec tresse sculptée.

Et le sens de la vie c'est pour ne pas y toucher, voici un conseil, rentrez chez vous.

Alors les éditeurs crient et harcèlent l'éditeur.

Mais ce n'est pas encore l'heure, ma fille.

Il n'est pas encore temps.

C'est effrayant d'être soi-même un seul et même, dans ces devoirs stupides.

Être l'un des éternels aveugles bruegheliens, nourris à l'abattoir.

Tous vont et pensent - quand, quand, je n'ai plus de force.

Maman, pourquoi es-tu là pour moi, parce que personne ne te l'a demandé.

A moins de se mentir "ce n'est pas en vain" quand on est très vieux.

Et ce n'est pas encore l'heure, ma fille.

Il n'est pas encore temps.

Quel genre de climat, Seigneur, ne laisse pas l'herbe, peu importe comment tu t'enveloppes - tu n'es pas habillé.

Et une personne sur trois a tellement de morts dans le sang qu'elle en est depuis longtemps immunisée.

Et chaque cinquième a un rire glacial pour vous, et le centième a un couteau du tout.

Rentrez chez vous, mettez un sac sur votre tête et asseyez-vous jusqu'à ce que vous vous endormiez.